Correspondencia con Juan Gil-Albert, 1965-1969

Juan Gil-Albert y Jean Cassou (1965-1968)

 

El curso 1963-1964, segundo año en la Escuela Normal Superior, me correspondía pasarlo en España para preparar la tesina de literatura sobre la revista El Mono Azul, bajo la dirección del Profesor Robert Marrast. Acabábamos de casarnos y Michèle me acompañó después de conseguir un aplazamiento en su formación para catedrática de instituto. Alentados por una compañera de estudio, Nicole Avant, que preparaba bajo la dirección del mismo R. Marrast una tesina sobre La Gaceta de Arte, pasamos el mes de abril de 1964 en Tenerife, donde conocimos a un grupo de artistas e intelectuales, que eran los que habían organizado la exposición surrealista en la isla en 1935, en presencia de André Breton. Nos hicimos amigos de varios de ellos: el crítico de arte Eduardo Westerdahl y Maud, su esposa francesa, que lo había sido de Oscar Domínguez; el poeta Pedro García Cabrera y su esposa Matilde; el crítico teatral y de literatura Domingo Pérez Minik y Rosita. Por su mediación, conocimos a José Domingo, que había sido preso junto con alguno de ellos en la guerra civil, y trabajaba en una editorial de Barcelona, y él nos introdujo cerca de un grupo de valencianos compuesto por su propio hermano Domingo Orozco, y por José Bueno Ortuño, el abogado Alberto García Esteve, y el maestro y poeta Juan Miguel Romá, que acababa de regresar con su mujer, Benita, y su hijo José María, de Polonia, donde los habían acogido a consecuencia de su expulsión de Francia en 1950. En aquel momento, daba fin a su exilio en Méjico el poeta Juan Gil-Albert, que reintegró la casa familiar de Valencia, en la que vivía su madre. Entre el colaborador de El Mono Azul y miembro de la Alianza de Intelectuales Antifascistas para la Defensa de la Cultura, que reunió su segundo congreso en Valencia, capital de la República en 1937, y nosotros se entabló una relación amistosa que se mantuvo hasta el final de la vida de Juan (1994), pero que fue especialmente activa en los años sesenta. Como testimonio de ello, reproduzco aquí la correspondencia que recibimos de Gil-Albert y Jean Cassou. No conservamos nuestras cartas, salvo el borrador de una que mandamos a Jean Cassou.

 

 

 

Semalens, 14 avril 1965

Chers amis,

Merci de m’avoir fait parvenir les deux livres de Juan Gil-Albert. Ils sont très beaux et je les ai lus avec un bien cordial et sympathique plaisir. Je voudrais écrire à l’auteur pour le lui dire longuement. Mais je n’ai plus sa carte ; je ne sais d’ailleurs si son adresse y figurait. Soyez donc assez gentils pour m’envoyer cette adresse, soit ici, où je suis encore jusqu’au 20 -Semalens (Tarn)- soit au Musée (2, rue de la Manutention, Paris XVI), soit enfin chez moi, 4, rue du Cardinal Lemoine, Paris V. Je vous suis bien reconnaissant de vous être faits les messagers de Gil-Albert. Dans une de ses dédicaces, il me rappelle une nuit du commencement de la guerre civile où nous nous sommes rencontrés à Valence : je ne me rappelais plus cette rencontre (ç’avait été une nuit si tumultueuse !), mais la nuit, elle, je ne l’ai pas oubliée. Que de choses depuis ce temps et que d’espoirs déçus ! Vous êtes sans doute espagnols, vous deux aussi, un fils d’émigrés ?

Merci encore et toute ma cordiale sympathie,

Jean Cassou

 

 

 

Paris, 2 mai 1965

Ministère d’État. Affaires culturelles. Musée National d’Art Moderne.

Chers amis,

Cette lettre m’a beaucoup touché et intéressé. Vous voilà donc tous les deux situés, et tout ce que vous me dites de cette situation, tous ses points me sont bien sympathiques : la parenté de l’une avec mon cher inoubliable Jean Sarrailh et le diplôme de l’autre sur le Mono azul… J’ai revu dans ma mémoire l’uniforme, -si l’on peut appeler ça l’uniforme-, de cette belle jeunesse que les camions emportaient vers le front, avec de pauvres flingots dérisoires et à peine quelques munitions…

Je viens d’écrire à Juan Gil-Albert, je lui parle de ses beaux livres, de son merveilleux livre de souvenirs d’enfance, de souvenirs valenciens, écrit dans une langue si savoureuse, un beau livre drainant la profondeur.

Que de temps a passé depuis cette nuit valencienne dont je garde un si vif souvenir ! Les choses vécues par l’Espagne –comme celles qui ont été vécues chez nous- sont aujourd’hui oubliées, ou méconnues, […]

Donnez-moi tous deux de vos nouvelles et croyez à toute ma cordiale sympathie.

Jean Cassou

 

 

 

Valencia, 19 de mayo de 1965

Mis queridos amigos, mis jóvenes amigos: gracias por todo. Llegó ya la carta de Cassou, cariñosa y elogiosa, anunciándome el envío de un libro: creo que debisteis haberle dado, también, una copia del que yo llamo “panfleto” porque tal vez él podría habernos orientado con respecto a quienes interesaría de veras su contenido con miras a su publicidad. Ya os dije que los medios “fortmen marxistes” no son los más apropiados para que encuentre la acogida que merece. -Tema inagotable-. Por cierto, la copia que os llevasteis estaba plagada de erratas. ¡Un horror! Alguien se llevó otra a Italia considerablemente corregida. Ahora bien, noto a faltar vuestra opinión, del panfleto y de los libritos. Considero que vuestros exámenes no os dejan tiempo sobrante para una deleitosa crítica, permítaseme el contrasentido, pero no siempre se os permitirá escapar: el camino de la amistad no está necesariamente tendido de rosas. – Tengo estos días a la vista una lectura pública a la que espero asistan José y Juan Miguel; ¡apenas nos vemos! ¿Cuándo podrán los hombres recrearse en lo único valedero: la amistad, el diálogo, el abandono, l’oisiveté…? Ya sé que nunca.

Los tiempos son malos para mí. Cuestiones económicas deprimentes me han hecho vivir un año como metido en un zarzal. Varios golpes sucesivos desde mi regreso de América nos han reducido a una situación realmente crítica. -En las películas de mi época de colegial, el banquero, llegado el momento, se pegaba un tiro; yo me quedaba pensando que su viuda ya no podría seguir ostentando sombreros vacilantes de plumas que se convertían ahora en unos objetos melancólicos. -Lamento que mi madre haya alcanzado a ver aún este desmoronamiento. Sois de una generación que no sé si es capaz ya de comprender esto: la pobreza me atrae como una especie de voluptuosidad. Seguramente os suene a literario; pero lo literario es también una forma de verdad y no tan falsa como podría parecer.

No me queda más que desearos mucho éxito en vuestros esfuerzos; de este esfuerzo de la juventud depende gran parte, o lo esencial, de lo que poseeremos , de lo que seremos; pero cada vez más pienso que la finalidad de la vida es la consecución de una vejez plena; solo, alcanzada esta, adquiere todo lo demás asiento y sentido, totalidad; sin ella lo anterior no son sino partículas, fragmentos, aspiraciones. Excusadme este sermoneo.

Abrazo de vuestro amigo,

Juan [Gil-Albert]

[Nota. El panfleto mencionado, bajo el seudónimo de Diego Selva, lleva el título de Los días están contados. Drama Patrio y la fecha de 1964. Consta de 44 cuartillas dactilografiadas de 50 líneas.]

 

 

 

Paris, le 9 juin 1965

à Monsieur le Directeur du Musée d’Art Moderne [Jean Cassou]

Monsieur,

Nous ne savons comment vous remercier pour l’aimable lettre que vous nous avez envoyée et à laquelle nous avons mis tant de temps à répondre. Heureusement pour moi, l’année scolaire vient de s’achever, ce qui me permet de me consacrer pleinement et sans arrière-pensée au plaisir de renouer notre correspondance avec nos amis espagnols et avec vous, qui êtes si proche de l’Espagne. Peu de jours après votre lettre, nous en avons reçu une de Juan Gil-Albert, dans laquelle il nous fait part de ses joies mais aussi de ses peines qui, hélas ! sont nombreuses ; mais comment pourrait-il en être autrement quand on a vécu ce qu’il a vécu, et quand on se retrouve en prison dans son pays ? Il me demande également de vous parler d’un petit livre, un panfleto, dont il m’a confié une copie et qu’il aimerait voir éditer, sous un nom d’emprunt s’entend. Le peu de temps dont j’ai disposé jusqu’ici ne m’a pas permis de mener à bien cette tâche qui me tient à cœur. J’ai cependant fait parvenir une copie à un éditeur parisien, par l’intermédiaire d’un ami qui publie chez lui, mais je n’en ai jusqu’à maintenant reçu aucune nouvelle. Si vous désirez lire ce livre, j’en tiens une copie à votre disposition. J’irai la déposer moi-même rue de la Manutention.

Le temps, dites-vous, a passé depuis cette nuit valencienne, où vous avez connu les premières manifestations d’un peuple en révolution. Pour nous elle n’a jamais été qu’un extraordinaire poème épique que nous ont récité tout d’abord les exilés puis ceux qui, tels les troyens, sont restés enfermés dans la citadelle avec leurs geôliers. Ce qui nous étonne le plus, c’est l’extraordinaire faculté qu’ont nos amis espagnols d’oublier toutes ces misères et atrocités pour ne se souvenir ou ne vouloir se souvenir que de leurs enthousiasmes.

Aujourd’hui, nous sommes loin de ces temps d’héroïsme, où il suffisait, semble-t-il, de vouloir pour accomplir.

Michèle et moi rejoindrons nos amis castillans et valenciens le mois prochain. Nous ne pouvons guère leur consacrer plus que ce mois de juillet, car il me faudra penser déjà à l’Agrégation de l’année prochaine.

Veuillez agréer, Monsieur, nos respectueuses salutations,

Michel Garcia

 

 

 

Paris, 4 juillet 1965

Dimanche.

Cher Monsieur,

J’ai reçu une lettre admirable de Juan Gil-Albert, bouleversante, vraiment. Et quel beau style, en effet ! Quelle belle langue espagnole, précise et acérée ! Je voudrais beaucoup lire ce pamphlet dont vous me parlez. Oui, faites-le déposer ici, pas rue de la Manutention, mais à la Conservation, avenue du Président Wilson. J’aimerais aussi vous voir tous les deux, et il me serait agréable que vous me l’apportiez et que nous causions un peu. Mais je n’ose vous proposer de rendez-vous, car sans doute partez-vous pour les vacances, comme je vais partir moi-même ; et les derniers jours sont très occupés. Essayez de me téléphoner un matin ici. Sinon, promettons-nous de nous rencontrer à la rentrée d’octobre. En tout cas, j’attends le panfleto.

Je vois justement à la fin de votre lettre que vous parlez de votre départ prochain pour Valence. Alors ne manquez pas d’embrasser notre ami, nos amis. Je suis en profonde communion […] avec vous deux,

Jean Cassou

 

 

 

31 janvier 1966

Chère madame,

Téléphonez-moi un de ces jours, à l’heure des repas, ici afin que nous prenions un jour et une heure et que vous veniez me voir avec votre mari. Vous avez beaucoup de choses à me dire. J’ai bien reçu De oscura transparencia, qui me semble plein de très belles choses, et j’ai le mot de Juan Gil-Albert. Nous perlerons de tout cela. A bientôt donc, n’est-ce pas ? Et partagez, je vous prie, avec votre mari, l’assurance de ma bien cordiale sympathie, à quoi je joins, pour vous, chère madame, mes meilleurs hommages,

Jean Cassou

 

 

 

Valencia s.f. [mayo de 1966

Mon cher couple :

Recibiré vuestros libros con alegría infantil -ya que uno sigue siendo un niño- pero no es este el trato. Si me tratáis demasiado bien impediréis que, de vez en cuando, os haga encargos. Procuradme, ahora -cuando podáis- el folleto a que alude este recorte de Le Monde. El otro libro era Le Tsar Nicolas II en las Ediciones Berger-Levrault, olvidé al autor. No corre prisa.

Ayer comí con José en La Caña,

du “toujours angoissé”,

Juan

 

 

 

Valencia, 18 de mayo de 1966

Mes chers enfants:

Si no hubiera tenido siempre la gran devoción que tengo por vuestro país, bastarían vuestras atenciones para que me rindiera a los pies de Francia. No es ya que cumplís estrictamente los encargos, sino que servís a domicilio, y sin dilaciones, la mercancía. Y ¡qué mercancía! El libro sobre Proust es extraordinario, como informe, y el referente al Zar, un resumen excelente de todo cuanto se ha publicado sobre esa materia. Son dos temas que domino y que me permiten juzgar con conocimiento de causa. Tuve también el envío de editor de Saint-Simon, el primer volumen de los veinte que compondrán su obra completa: la edición es preciosa, pero he dejado de ser rico y no voy a poder permitirme satisfacer un gusto: repararemos así las superfluidades pasadas.

Un amigo me trae la invitación que he recibido para participar en el homenaje a Alberti, -que tendrá lugar en París-; me extraña que Cassou no me haya tenido en cuenta dada nuestra reciente reanudación de relaciones. Tal vez, a pesar del olvido, me decida a enviar unas palabras a Rafael, fuera de concurso. -Os gustaron mis prosas? Parece que la de la Revista de Occidente ha producido una cierta sensación. He escrito mucha poesía e inicié unas memorias, llamémoslas así, con el título de: No salir de mi asombro. Fuera de esto, leo, salgo poco, veo a algún amigo joven, rara vez a José y Juan Miguel, y paso constante revista al pasado no como tal pasado sino como permanencia de mi eternidad. Somos lo que hemos sido.

A bientôt, puesto que supongo que vuestro viaje se acerca. Aquí encontraréis siempre a un amigo vieillissant et rajeuni. ¿No es una buena fórmula poética?

Grandes abrazos de

Juan

 

 

 

Valencia, noviembre de 1967

Querido Michel:

Gracias por el envío de tus notas sobre sobre Jorge Guillén que he leído con detenimiento y que, aunque no tengo a la vista el libro que comentas, encuentro, como trabajo, de factura irreprochable. Es curioso que haya coincidido su llegada con una carta mía al mismo Guillén al que debía contestación, desde junio, por otra suya, escrita desde Málaga, y en la que me hablaba con verdadero entusiasmo de mi librito Concierto en mi menor al que califica de obra maestra. Tengo otro entusiasta del mismo en un profesor holandés [Juan Lechner] que piensa traducirlo y que parece que prepara un estudio serio sobre mí. También, nota simpática, una alumna de la Sorbona ha presentado su tesis, de fin de carrera creo, con el título Juan Gil-Albert, un écrivain levantin de la génération de 1936. Ahí tienes pues la lista de mis últimos laureles.

Comencé mis memorias bajo la frase hecha de “No salir de mi asombro”, pero las he abandonado, de momento, por falta de estímulo. En realidad, he pensado últimamente que no debí haber vuelto de América donde mi vida de escritor se hubiera desenvuelto con más normalidad; claro que algunas páginas escritas aquí no existirían, aunque estén en los cajones. Es horrible que se le haya pasado a uno su tiempo: dispersos los de fuera, silenciados los que volvimos, somos una generación flotante y, más que olvidada, ignorada. Mi caso es singular, para los conservadores soy una oveja descarriada, para los del progreso un intimista. Y así se queda uno sin unos ni otros, sí, con algún que otro, con alguna que otra estrella que late al unísono. Inútil, a estas alturas, de tratar de enmendarle la plana a nuestro destino. Como dijo Gide: “Le jeux sont faits”.

Te agradecería una comisión: comunícate, en mi nombre, con la revista Mundo nuevo, al teléfono 744-23-20 y pregunta por Fernández Moreno, poeta argentino, o por el director de la revista, Rodríguez Monegal. Les escribí rogándoles una copia de un poema mío, Homenaje a Oppenheimer, cuyo original he traspapelado y que necesito para sumarlo a una serie de posible publicación: hace dos semanas que espero su respuesta. ¿Lo habrán perdido a su vez?

Lo de la niña fue atroz. ¡Qué exabrupto en nuestra vida! Medio mes de agosto pasado en una zozobra angustiosa. Todo parece pasado ya, pero la vida confirma, en estos casos de prueba, su aterradora inestabilidad. Algo de ese sentir se traduce en el poema que os adjunto aunque su motivación parece ser otra. ¿Qué es de vuestro pequeño? Os imagino felices si bien muy ocupados. No descuidéis nada, no desechéis nada: en cada momento alienta ese recuerdo del que habremos de vivir más tarde, no tanto como pasado sino como realidad; forjémoslo pues verdadero para que nos sirva.

Michel – Michèle, hombre – mujer de una misma moneda, abrazos de vuestro solitario

Juan

Puse en Aguilar, prólogo al volumen dedicado a Cocteau; ¿lo habéis visto por ahí? Me interesaría que lo leyerais.

 

    IN PROMPTU n° 10

            -Susana-

Oigo lejos, sumido entre mis libros,

sonar esos pasitos incipientes,

esa voz sostenida en las escalas

que apenas utilizan los pianistas

porque es apenas voz, un balbuceo,

la mínima expresión de una persona

que está muy honda aún, de una promesa

que no veré cuajada, un mundo ajeno

que no me pertenece y que me envía

desde su latitud, bajo los techos

familiares, la onda persistente

de que la vida sigue, sigue, sigue,

mientras yo duermo ya, mientras la niña

cruza como una ráfaga y se extingue,

mientras pasamos todos rumorosos

de vida propia, ajena, sin un freno

que nos detenga, un mundo fugitivo

en que suenan, eternos, momentáneos,

estos breves pasitos infantiles,

esta resurrección siempre animosa,

un eco nuevo, voz, voz que se acerca,

que nos confirma, un lastre, un sueño, nada.

                                                    J. G. A.

Este poema está escrito esta mañana

y no lo conoce nadie, niño, está más

que inédito.

 

 

 

Valencia, 27 de marzo de 1968

Mis queridos amigos:

Escribo desde mi nueva casa en la que estamos instalados desde hace un mes: la operación traslado ha revestido caracteres de epopeya ya que no se desarraigan tan fácilmente cuarenta años de existencia con sus bártulos anexos. A mí me pilló, además, con las energías mermadas a consecuencia de un percance que no os relato hoy por no convertirme en un permanente trasmisor de desdichas: el pathos familiar no nos concede tregua. Pero todo pasó, de momento. No me siento mal aquí; desde mi balcón tengo, muy cerca, unas palmeras, y esto me centra en mi mediterráneo local y espiritual. Las ilusiones sobreviven pero la vieillesse aproche…

Os escribo concretamente, -en función de que sois mis embajadores en París, para lo siguiente: a mediados de abril, mi mes preferido, recibiréis mi nuevo libro; quisiera enviar unos ejemplares, para la venta, a la librería des Editions espagnoles, 72 rue de Seine, supongamos que 25; podríais ocuparos de ello dejándolos allí previa entrega de una nota y esperaremos el resultado. Imaginaros que me financio la edición. ¡Una locura! Y necesito que los amigos me ayudéis a que tamaño esfuerzo no resulte totalmente baldío. Decidme, además, si queréis que dedique algún ejemplar a alguien a quien pueda interesarle: uno será para Cassou. Me interesaría tener la dirección de Bergamín que vive, como debéis saber, ahí y, -última petición-, que preguntéis en la embajada mexicana, -inexistente en Madrid-, si Octavio Paz sigue en Nueva Delhi. ¿Son muchas molestias? Vuestra amabilidad, que siempre me pareció tan espontánea, justifica mi abuso, o lo explica al menos. Veremos qué os parece el libro: lleva prosa, poesía y crítica; he pretendido dar una visión conjunta de mi mundo literario, de mi visión, y participación en él, del mundo. Si algunos pueden hablar de “torre de marfil” habrán de reconocer que está bien plantada en medio de la vorágine, lo que quiere decir que “nada humano me es ajeno”; solo que uno es fiel a su razón temperamental sin lo que toda obra resulta artificial o vana. Imposible, a estas alturas, corregir una posición irrigada por la savia de toda una vida anterior. Si, a través de los cambios, hemos conseguido apresar lo esencial, nuestra página podrá seguir siendo actual, siempre. He ahí nuestra ambición: pocos lo consiguen, pero para ello es necesario que muchos otros lo afronten. Y basta por hoy.

Para vosotros y para vuestro crío el afecto de

Juan

 

 

 

Valencia, s.f. [abril de 1968]

Amigo Michel:

Recibo tu carta seguida de la siguiente antes y después de vuestra gira holandesa. Creí que encontraríais ya a Lechner con mi libro, al que envié un ejemplar el quince de abril; a vosotros lo remití hará una semana por correo ordinario; supongo que pronto será vuestro huésped; de aspecto es francamente simpático y parece respirar claridad. El precio, en España, 150 ptas; que ahí le fijen el que más les convenga; me parece indispensable que haya ahí unos ejemplares a la venta y […] que no lo aceptarán; no creo que, a diario, se publique un libro de esa especie. Espero, con ansiedad, t criterio, y el de Lechner. Gracias por la adquisición de la estudiante; habrá que darle un ejemplar del último; también le interesaría leer el prólogo que puse al Cocteau de la editorial Aguilar. Aquí, en Valencia, persiste el silencio como consigna, respecto a mí, condenado de muerte civil; son unos miserables.

Abrazos a los tres,

Juan

 

 

 

Valencia, 13 de septiembre de 1968

Querido Michel:

Por fin te ves libre del yugo militar, lo que no les ocurre, en Europa, a todos. Cuando los acontecimientos de Francia nos sorprendieron, por lo inesperados, hace algún tiempo que la esperanza tenía puesta su atención en los checos, cuya actitud decidida y responsable, extremadamente simpática, ponía en el mundo de hoy, despótico, por un lado, a la manera liberal norteamericana, despótico, por el otro, a la manera rusa zarista, un como balbuceante deseo de luz. ¿Cómo no sentirse con los chicos que en París propugnan “l’imagination au pouvoir”? ¿Cómo no sentirse con los dirigentes checoeslovacos que declaran: “el paso que vamos a dar es inédito”? Son dos actitudes aventuradas pero, por ello mismo, atrayentes. Fuera de ellas no existe más que vulgaridad, burocracia, servidumbre, militarotes, plutócratas y fuerza bruta. En un campo con capitalistas, en otro con el Partido, no digo socialistas. Y toda nuestra vida disimulando a los unos, desenmascarando a los otros. ¡Basta! La vida es corta y no nos permite, por tanto, esperar unos resultados que, por lo que se ve, pertenecen, según ciertos señores, a un porvenir tan lejano como el juicio final. No puedo esperar tanto, sobre todo cuando veo tan comprometido el final. Por pequeño burgués que se sea, tiene uno sus ilusiones entre las que no entra el pertenecer a un país que aspira a dominar el mundo; luego de Roma, de Inglaterra, no tiene ningún atractivo, -nosotros, los españoles, tampoco somos ajenos a esas glorias pretéritas-, y como hijos de grandes nos permitimos poner nuestros anhelos en otra parte, vueltos de espaldas a la grandeza y reclamando de la vida algo más que apariencias, cañones, y fraternidad universal a mazazo limpio. No sé si al proletariado esto le interesa, como novedad, aunque lo dudo. Dicho lo cual, te pido mil excusas por el sermón. Ya ves que, a pesar de todo, de la fama de intimismo que uno goza, coloco lo público antes que lo privado.

Me alegra que mi libro os interese y os sea, por lo que dices, “útil”. ¿Qué más puede desear el poeta que ver realizada, en los otros, su utilidad extra-utilitaria? Ese asentimiento le hace sentirse los pies en la tierra. Llegó tu alumna y tuvo conmigo un cambio de impresión; no sé la que se llevaría de mí; no la fuerces. Le di a leer un trabajo sobre mí de otra muchacha estudiante de la Sorbona; le regalé La Trama. Y estuvo entre parlanchina y, es natural, cohibida. Ya me dirás sobre los ejemplares para la venta, al precio de, lo que corresponda en francos, 150 ptas. ¿Lo crees mucho o poco?

Hasta vuestras noticias.

Para ti, Michèle y Patricio, a quien debemos, en sus primicias, iniciar en los goces de la amistad,

abrazos de vuestro levantino

Juan

Lechner mandó tarjeta desde México; estará ya en casa; lee, dentro de unos días, su tesina sobre España.

 

 

 

Valencia, 25 de marzo de 1969

Querido amigo Miguel:

Acaba de marcharse tu alumna y te escribo en el acto; hace tiempo que no nos comunicamos y esta puede ser la ocasión. Parece que continúa con la idea de dedicarme su atención y la he provisto de libros y publicaciones; me trajo a un compañero, a un chico de Castellón, que medio me comprometió para que vaya a recitarles en su residencia estudiantil; curioso que, hasta en esos pequeños detalles de mi vida profesional, tengan que llegarme de fuera. Tú y Lechner parecéis los dos pilares sobre los que me sustento. A Lechner le debo carta; su trabajo me emocionó. Guillén me escribe: “¡gracias a Dios que alguien le hace a usted sacar el pecho!”. Dejemos este asunto molesto e irremediable ya. El destino existe y no se le puede forzar.

Necesito hacerte un encargo: entérate de qué editorial ha podido publicar, en la fecha que fuese, un Mayakovski. ¿Gallimard? No importa cuál que ofrezca garantías. ¿Lo sabrá Cassou? En los medios marxistas jóvenes estarán al corriente. Me han encargado una traducción, del italiano, de un libro sobre él, en el que figuran sus manifiestos, pero quieren que se añadan poemas. Cuando des con el libro, veas si la editorial puede enviar un ejemplar, con portes pagados, a Difusora de cultura, Cabillers 3, Valencia (3). Te agradeceré mucho la gestión.

Te supongo dispuesto a gozar la distensión de las próximas vacaciones; más que nunca la vida atenaza al hombre y estos breves respiros son lo único que le hacen recordar el paraíso originario, aunque se producen de un modo nervioso y esquemático, imperfecto, es decir, sin dar precisamente pie para una verdadera distensión. La humanidad se ha metido por un camino difícil, sí, pero no sé si prometedor. No me tengas por pesimista. Soy un crítico y ¡doblado de poeta! Un pie en las sementeras y otro en las nubes: de labrador a astronauta. Pero eso es lo que pregunto, si las verdaderas siembras y las verdaderas estrellas cuentan para algo en el mundo actual. La “técnica” ¡qué gran devoradora! Conservo toda mi simpatía por la juventud… rebelde. Que suele, a veces, tener setenta años; esa es mi ruta.

¿Qué es de Michèle y de su vástago? Os espero algún día. Contad siempre con el afecto y la amistad de

Juan

 

 

 

Valencia, s.f. [26 de marzo de 1969]

Miguel: En la carta que te envié ayer cometí un lapso calami, al pedirte que le pidieras el Maïakovski por portes pagados en lugar de decir: a reembolso. Lo primero no se comprende ya que el libro no es para mí, pero aún sin ser petición hubiera sido abusiva.

Me di cuenta de la … apenas echada la carta.

Quede pues enmendado.

Abrazos de Juan

 

 

 

Valencia, s.f.

Querido Michel,

Ha llegado el Maïakovski: muchas gracias. Es estupendo que resulte traducido y comentado por Elsa Triolet, hermana de la mujer del poeta y a la que conocí, junto a Aragon, cuando vinieron a visitarnos durante la guerra civil. Las fotos de M. son impresionantes: se diría un semi-dios del proletariado.

Tu estudiante estuvo conmigo una tarde y se fue cargada de papeles; es bonita y expresiva.

Creo que venís este verano y esto nos dará ocasión de tomar contacto de nuevo; hablaremos de Lechner y de algo que hay en su libro que me pilló de sorpresa y que es más para hablado. Tengo por él un gran afecto.

Para Michèle y para ti un cariñoso saludo de vuestro

Juan