Corridas mai 1978

Français Mar 26, 2022

Tristes tardes de toros à Madrid

 

Il fait presque froid. Pourvu qu’il ne pleuve pas ! Cela gâcherait la corrida où je vais avec Barrère [un collègue de Pau].

Andrés Vázquez a des détails toreros indéniables. Cela nous change des toreros qui ne savent faire qu’une seule faena, quelle que soit la bête qu’ils affrontent. Il prend soin de varier ses passes, sa façon d’aborder le taureau. En outre, il a énormément de temple. Mais, les taureaux ! Le premier n’a pas pu supporter une seule pique : il est tombé au simple contact du caparaçon du cheval. Or, on a concédé une oreille au torero pour sa faena sur cette bête faiblarde. Le quatrième, boitant bas, et le cinquième, mansísimo sont « devueltos al corral ». L’un d’entre eux était déjà un sustituto. Barrère était ravi parce qu’il revivait des moments de son séjour en 1950-51 (il a passé deux ans à Madrid). Le public était très animado et, au tendido 8, celui des vrais aficionados, il y a eu une bataille rangée et on a expulsé, non sans mal, un ou deux excités. Le monument à Antonio Bienvenida est affreux.

Dimanche 22 mai 1978

Barrère est venu me prendre et nous sommes allés à la corrida. Nous avons payé à la revente 425 pesetas des places qui en valaient 250. Le spectacle a été sauvé par les rejoneadores : Alvaro Domecq, sobre et élégant, efficace à pied ; Moura, jeune portugais, très nerveux, avec un taureau tardo. Ses chevaux ont reçu plusieurs égratignures mais il a réalisé des choses superbes : bête fixée, provocations par changement de pied, dignes d’un trois-quart aile de rugby. Mais il ne tue pas à pied. C’est un autre qui le fait à sa place, encore que, dimanche, il n’ait pas été nécessaire de recourir à ce sustituto.

Le reste ne vaut guère la peine d’être mentionné. Les six tuliovazquez ayant été refusés par les vétérinaires, nous avons eu droit à un lot inédit de ????, pas plus mauvais que d’autres déjà vus. Les toreros : mauvais. Tini, Calatraveño (mort de peur et qui n’a pas fait une seule passe au taureau), El Puno, qui s’est à demi sauvé car il est un peu moins médiocre. Mais je ne regrette jamais ce genre de dépenses. Il est mille fois plus triste de subir la fraude que les figuras, Paco Camino et El Viti, ont infligée au public face à des victorinos.

Dimanche 16 mai 1978